Bibliothèque des Eudistes à l’Université Laval

Photo crédit: Marc Robitaille

Un lot de livres anciens, de cartes postales et de photos sur verre de grande valeur vient bonifier les collections de la Bibliothèque de l'Université Laval

Don des Eudistes de Québec à l’Université Laval

«Le 1er novembre, la Bibliothèque de l’Université Laval a accueilli les Eudistes de Québec pour une cérémonie de reconnaissance soulignant le don exceptionnel fait à l’Université par cette congrégation religieuse. Ce don, dont la valeur est estimée à 185 000$, comprend environ 1 300 livres anciens – dont le plus vieux date de 1559 –, environ 4 000 cartes postales du Québec, du Canada et de l’Europe et plus de 1 400 photographies sur verre du début du 20e siècle, accompagnées de la visionneuse d’époque.»

(Tiré de: le Fil, Volume 52, numéro | 2 novembre 2016)

Catalogue descriptif de la bibliothèque des Eudistes à l’Université Laval

Par M. Richard Dufour, bibliothécaire-conseil, Bibliothèque de l’Université Laval

N.D.L.R.: Les Eudistes remercient M. Dufour pour le travail exceptionnel réalisé qui contribue grandement à la conservation de notre patrimoine historique.  Nous reproduisons ici des extraits du document de M. Dufour qui témoigne de son professionnalisme.

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Remerciements

Nos plus chaleureux remerciements vont à la Corporation Les Eudistes pour leur généreux don et en particulier à leur porte-parole dans ce dossier, le Père Gilles Ouellet, qui fut d’une gentillesse, d’un accueil et d’une efficacité sans faille. Il a également pris des photographies des pages de titre des ouvrages de la collection, avec l’aide de Robert Berger.

Plusieurs personnes sont intervenues dans ce dossier à divers niveaux. Elles méritent toutes nos sincères remerciements : Gilles Routhier, alors doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, pour nous avoir mis en contact avec les Eudistes. Loubna Ghaouti et Chantal St-Louis, pour avoir accepté ce don exceptionnel dans leurs positions de direction à la Bibliothèque. Sonia Léger pour m’avoir accompagné au long du processus, de la visite préliminaire à la mise en boîte. Marianne Demers-Desmarais et Gisèle Wagner pour avoir visité les Eudistes afin d’évaluer les plans d’architecte et les objets offerts à l’Université. Edith Trempe et Odette Mercier pour la journée qu’elles ont consacrée avec nous à la mise en boîte des documents. Pierre Carrier et son équipe pour la logistique du transport du don. Steeve Vallières pour la réception du don à la Bibliothèque et la gestion de la salle des dons. Marcel Plourde, alors chef de la section de catalogage, pour son ouverture à ce que nous fassions un catalogage plus détaillé des ouvrages, en incluant les marques de possession dans les notices. Brigitte Demers qui a contribué au catalogage et à la supervision de divers aspects de la création des notices. Christine Mercier et Diane Clément, qui ont catalogué presque toute la collection à elles seules. Marie-Josée Marquis et Amélie Tremblay qui ont organisé l’événement reconnaissance de novembre 2016. Les nombreuses personnes qui furent présentes à l’événement reconnaissance. Marianne Ruel, qui était stagiaire au printemps 2021, pour avoir effectué un travail préliminaire d’analyse des 200 titres les plus anciens à partir d’un fichier Excel contenant les descriptions bibliographiques.

Introduction

En mars 2015, le Père eudiste Gilles Ouellet prit contact avec l’Université Laval pour sonder l’intérêt qu’elle aurait envers leur collection de livres anciens, de cartes postales, de photographies sur verre et d’objets. À la suite d’une visite à la maison des Eudistes à Charlesbourg, les bibliothécaires Richard Dufour et Sonia Léger recommandèrent à la direction de la Bibliothèque de l’Université Laval de récupérer la presque totalité des ouvrages offerts en don, et l’ensemble des photographies et des cartes postales. Dès le début avril, la Bibliothèque confirma son intérêt et engagea les procédures auprès des Eudistes. Plusieurs étapes durent être franchies, tant du côté des Eudistes, pour les autorisations de cession par la corporation, que du côté de la Bibliothèque, pour un projet de convention de don. L’entente fut conclue en mars 2016. Les documents furent mis en boîte par des employés de la Bibliothèque et le don fut reçu à l’Université Laval en mai 2016. Nous estimions à l’époque que le don représentait environ 1300 livres anciens, 4000 cartes postales du Québec, du Canada et de l’Europe, et plus de 1400 photographies sur verre. La collection de livres s’élève en réalité à 1647 documents.

Survol historique

Le fondateur de la Congrégation de Jésus et Marie (Eudistes), Saint Jean Eudes, naquit à Ri en Normandie en 1601 et mourut à Caen en 1680. La congrégation s’impliqua dans des missions d’évangélisation et dans la formation du clergé en créant ou en administrant des séminaires et des collèges. Des établissements eudistes se trouvèrent par exemple à Caen, Redon et Rennes. La congrégation vécut des périodes difficiles. Ayant traversé la Révolution, elle fut confrontée un siècle plus tard à la loi Waldeck Rousseau de mars 1901 sur les associations. Les ordres religieux durent demander au gouvernement français le droit d’exercer leurs activités en tant qu’association. Le gouvernement refusa en bloc les demandes des congrégations religieuses afin d’affaiblir le pouvoir clérical et de s’approprier leurs biens. Les Eudistes surent lire les signes avant-coureurs du désastre à venir et réagirent avant l’expulsion officielle des communautés religieuses en juillet 1903. Comme le rapporte Basile Babin :

« Signalons en passant un aspect de la persécution peu souvent rapporté par l’histoire, et pourtant le sujet revenait à chaque instant dans la correspondance de 1902-1903. Devant la menace de la mainmise du gouvernement sur les biens des religieux, les Eudistes prirent la précaution d’expédier à Halifax le plus qu’ils purent du contenu des précieuses bibliothèques de leurs collèges, notamment de Redon, de Kerlois et d’Angers, en plus d’ornements liturgiques et de linges d’église. En fin novembre 1902, 90 caisses bien remplies traversaient d’un coup l’Atlantique. Quelques jours plus tard, l’économe général, le Père Roussel, écrivait au Père Lecourtois à Halifax : Vous allez avoir une centaine de caisses. Vos bibliothèques vont s’enrichir de nos dépouilles. Ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les livres furent partagés entre les maisons de Halifax, de la Pointe et de Caraquet. La collection comprenait de vieux volumes d’une valeur inestimable, datant pour la plupart du 17e siècle, et même d’au-delà. Caraquet perdit son dépôt dans l’incendie de 1915. »

Basile J. Babin, Entre le marteau et l’enclume : Pierre-Marie Dagnaud, à la Pointe de l’Église, Nouvelle-Écosse, 1899-1908, Charlesbourg, Maison des Eudistes, 1982, p. 226

À la suite de la fermeture de collèges eudistes dans les provinces de l’Atlantique, principalement du Holy Heart Seminary de Halifax, la collection de livres anciens fut regroupée dans la maison des Eudistes sur la 1re avenue à Charlesbourg, Québec. 

Sur les Eudistes au Canada, consulter Georges de La Cotardière, La congrégation de Jésus et Marie (Eudistes) au Canada : Cinquante ans 1890-1940, Besançon, Imprimerie Jacques et Demontrond, 1946.

Cette dernière devant à son tour fermer, la collection fut gracieusement offerte à l’Université Laval au printemps 2015.

Description de la bibliothèque eudiste

Nous procéderons à une analyse détaillée de la collection des Eudistes. Elle comporte essentiellement des monographies et seulement trois titres de périodiques. La bibliothèque a été évaluée en janvier et février 2016 par Jean-Claude Veilleux, libraire à Québec. Il a alors établi la juste valeur marchande à 175 650$.

Préservation matérielle

La condition matérielle des livres varie. La majorité est dans un excellent état, une minorité est abîmée, et quelques titres sont dans un état qui les rend plus difficiles à consulter. Faisant partie d’un fond de bibliothèque, les ouvrages ont souvent fait l’objet d’interventions pour en faciliter le repérage. Ces interventions ne sont pas professionnelles et déparent les volumes. Des rubans adhésifs de compositions diverses sont apposés sur certains volumes : en haut pour indiquer l’auteur, en bas pour indiquer l’année de publication et parfois la tomaison. Les livres plus abîmés ont parfois été solidifiés par l’ajout d’un ruban adhésif. Voici des exemples qui résument les cas de figure où des adhésifs ont été utilisés :

Crédit : Gilles Ouellet/Robert Berger

La bibliothèque reçue en don des Eudistes se trouvait à leur maison de Charlesbourg. Les documents reposaient sur des rayonnages adéquats de marque Montel, dans un local du sous-sol. Les conditions de préservation étaient bonnes, avec une température plus fraîche et de la noirceur. Les livres étaient classés en ordre chronologique. Les grands formats étaient couchés sur les tablettes.

Des livres au sous-sol de la maison des Eudistes à Charlesbourg. - Crédit : Gilles Ouellet/Robert Berger

Nombre de titres

La collection de monographies compte 894 titres. Si l’on considère le nombre de documents, en incluant les volumes multiples que comprennent certains titres, le total s’élève à 1647 documents. La majorité des titres ne se trouvaient pas déjà dans les collections de la Bibliothèque de l’Université Laval.

Années de publication

Un peu plus de la moitié des monographies datent du 19e siècle. Très peu de documents sont des 16e et 20e siècles, d’abord par la rareté des volumes du 16e siècle, puis par la décision de ne prendre que quelques documents du 20e siècle. Les volumes du 19e siècle qui étaient trop abîmés ou trop communs, comme la patrologie de Migne, n’ont pas été retenus. 11 titres ont des dates inconnues ou incertaines et n’ont pas été inclus dans les statistiques.

Langues de publication

La bibliothèque se compose d’une majorité de livres en français. Le latin se démarque également, les autres langues n’ayant pas de présence significative, sinon l’anglais. Le français et le latin équivalent à 89,26% de la collection.

La répartition des langues varie selon les siècles. Le latin domine pour les documents des 16e et 17e siècles. Le français dépasse nettement le latin au 18e siècle : même si la collection double presque au total, la présence du latin diminue presque de moitié, alors que les ouvrages en français sont presque cinq fois plus nombreux qu’auparavant. L’anglais fait une timide apparition dans les volumes du 18e siècle et prend de la vigueur au 19e siècle.

Lieux de publication

L’essentiel de la collection provenant des Eudistes de France, il n’est pas étonnant que la bibliothèque contienne une imposante majorité de livres publiés en France. Le reste des ouvrages sont européens, à l’exception notable des livres américains, qui comptent pour 6% de la collection. Les huit pays ci-dessous représentent 98,08% de la bibliothèque eudiste.

Parmi les titres publiés en France, presque la moitié fut publiée à Paris. Plus d’une centaine de titres furent publiés à Lyon. Les cinq villes ci-dessous sont équivalentes à 65,87% des lieux de publications dans la collection des Eudistes.

Les titres publiés aux États-Unis viennent avant tout de New-York et de Philadelphie.

Quant à la Belgique, les ouvrages furent publiés en majorité à Anvers et Bruxelles.

Auteurs

La bibliothèque compte 466 auteurs dont les cinq principaux représentent 12,12% des ouvrages. La collection inclut évidemment des documents de l’Église catholique et de saints particulièrement importants à l’époque, dont Alphonse de Liguori et Thomas d’Aquin. Le théologien et bibliste Cornelius a Lapide occupe une place importante, avec ses oeuvres en diverses éditions. Les sermons de Massillon reçoivent également une attention spéciale.

Sujets

La collection se démarque par l’importance accordée aux oeuvres de papes, de saints et de théologiens, dont le Pape Damase, le Pape Grégoire 1er, Thomas d’Aquin, Bonaventure, Saint-Augustin, Anselme, Jean Chrysostome, François de Sales, Fénelon, Louis Thomassin, Suarez, Robert Bellarmin et bien d’autres. De nombreuses éditions de la Bible selon la Vulgate sont présentes, ainsi que beaucoup d’éditions de sermons. Les 614 titres ci-dessous, regroupés dans les 16 sujets les plus fréquents, représentent 68,67% de la bibliothèque.

Marques de propriété

Les monographies portent de nombreuses marques de propriété venant d’institutions ou d’individus. Il peut s’agir de tampons, d’ex-libris ou de signatures. L’Annexe 1 procure quelques exemples de marques de propriétés qui apparaissent dans les volumes. Ces marques permettent de retracer la provenance des ouvrages et les divers propriétaires. Les pratiques des institutions et des individus varièrent grandement. Certains apposèrent systématiquement leur marque, d’autres semblent n’avoir eu aucun intérêt à le faire. Il est difficile de connaître les circonstances des prises de possession. Plusieurs monographies ont appartenu à diverses institutions et divers individus sans que nous puissions savoir à quel moment elles ont été intégrées à la collection reçue des Eudistes.

Le séminaire d’Halifax est, de loin, l’institution qui a mis le plus de marques dans les volumes, avec 44% de la bibliothèque eudiste ayant reçu leur tampon. Quant aux individus, Panaget détient le record avec 41 titres et 5% des monographies. L’abbé Panaget fut aumônier au lycée de Rennes depuis 1823 au moins et devint curé de Saint-Étienne de Rennes en 1836.

Voir François Duine, Souvenirs et observations de l’abbé François Duine, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, chapitre « L’aumônerie du lycée », paragraphe 6, https://books.openedition.org/pur/43144#text.

Une institution aussi importante que le collège de Redon est malheureusement très peu présente, soit par la disparition des volumes ou simplement du fait que l’étampage n’était pas une priorité. Les marques ci-dessous regroupent 565 volumes, ce qui correspond à 63,20% de la collection de monographies.

Rareté

La rareté des volumes a été déterminée de manière approximative en cherchant les titres dans WorldCat afin d’évaluer le nombre d’exemplaires dans les bibliothèques du monde. Un livre est ici considéré comme rare s’il en existe moins de 5 exemplaires dans WorldCat. La fiabilité du repérage et des états de collections dans cet outil étant discutable, il faut être très prudent avec cette estimation. Nous n’avons pas compté les ouvrages qui semblaient rares, mais qui ont connu une large diffusion. Par exemple, la Somme théologique de Thomas d’Aquin a connu une telle diffusion en diverses éditions qu’un exemplaire précis, rare selon WorldCat, n’est probablement pas si rare. Nous n’avons pas pris en compte les disponibilités des ouvrages sur le marché de l’usagé.

Périodiques

La bibliothèque eudiste comporte très peu de publications en série. Les périodiques concernés touchent la Première Guerre mondiale. Nous trouvons les volumes 5, 9, 10 et 12 de The great war : the standard history of the all-Europe conflict, publié à Londres par Amalgamated Press en 1914-1918. Encore plus intéressants sont les neuf volumes reliés pour former un recueil sur la Grande Guerre. Ils regroupent plusieurs numéros de The Illustrated London news, publiés entre 1914 et 1919, parmi lesquels sont insérés chronologiquement des numéros de Sphère et de Graphic. Cet ensemble constitué spécialement par les Eudistes est dans un état de conservation magnifique et se consulte bien avec sa reliure cartonnée de qualité. La reliure est parfois abîmée, mais l’intérieur est impeccable.

Le seul périodique religieux est les Annales catholiques : revue religieuse hebdomadaire de la France et de l’Église, volumes 24 (1878) à 90 (1894), publié à Paris par M. Putois-Cretté.

Listes des titres de monographies dans la bibliothèque eudiste

Le catalogue descriptif complet présente plusieurs listes qui permettent un repérage selon divers critères.

Par auteur, les références suivent l’ordre suivant : auteur, titre, édition, nombre de volumes que compte l’ouvrage, les volumes présents dans la collection, le lieu de publication, l’éditeur, l’année et la cote à la Bibliothèque de l’Université Laval. Le tri des références se fait dans l’ordre : auteur, titre, année.

Par titre, les références suivent l’ordre suivant : titre, auteur, édition, nombre de volumes que compte l’ouvrage, les volumes présents dans la collection, le lieu de publication, l’éditeur, l’année et la cote à la Bibliothèque de l’Université Laval. Le tri des références se fait dans l’ordre : titre, auteur, année.

Par année de publication, les références suivent l’ordre suivant : Année de publication, auteur, titre, édition, nombre de volumes que compte l’ouvrage, les volumes présents dans la collection, le lieu de publication, l’éditeur, l’année et la cote à la Bibliothèque de l’Université Laval. Le tri des références se fait dans l’ordre : année, auteur, titre.

Par localisation et par rareté, les références suivent l’ordre par auteur.

Collection de la corporation Les Eudistes
Vous y trouverez non seulement le catalogue descriptif, mais aussi des fichiers permettant de télécharger les notices bibliographiques en RIS et en Excel.