La maison de Charlesbourg

Cette maison [...] n’est pas seulement une demeure matérielle [...] mais bien plus une demeure spirituelle où doivent fleurir ensemble la science et la piété, où doivent se fonder et s’affermir pour toujours des traditions de régularité, de charité, de sainteté, et d’où doivent sortir des générations de prêtres selon le coeur de Dieu, dignes du Bienheureux Jean Eudes dont ils ont l’honneur d’être les fils.

AVRIL 1920

À l'origine de la maison de Charlesbourg

Si nous voulons remonter aux toutes premières origines de notre maison de Charlesbourg, nous devons reculer même jusqu’en 1920, car c’est à ce moment-là que les grandes décisions sont prises. La province eudiste du Canada vit alors une de ces périodes dont le recul de l’histoire ne fait que mettre davantage en relief la souveraine importance. Les eudistes canadiens se trouvent à la croisée des chemins. Des options prises par les autorités dépendront toute leur orientation future au pays.

La nomination du T.R.P. Charles Lebrun comme provincial du Canada le 13 avril 1920, en remplacement du T.R.P. Prosper Lebastard, laisse présager plus qu’un changement dans le style de gouvernement : c’est toute l’orientation des œuvres, du moins quant à leur localisation, qui sera remise en question.

Le provincial sortant avait travaillé jusqu’à la fin de son mandat à concentrer toutes les œuvres de jeunesse à Bathurst, N.B. : juvénat, noviciat et scolasticat (philosophie et théologie), avec en plus le Collège du Sacré-Cœur, cela faisait beaucoup d’œuvres au même endroit, et ce, aux Provinces Maritimes, alors que déjà, pour toutes sortes de raisons, la majorité des confrères voyaient à la longue plus d’espoir pour la Congrégation dans la Province de Québec que dans le territoire de l’Acadie.

Le 20 septembre 1920 se produisait simultanément, dans la même journée, deux événements à signaler : en France, décédait le Père Lebastard et, avec lui, l’exécuteur des hautes œuvres eudistiques aux Maritimes, œuvres qu’il ne faudrait pas sous-estimer cependant le mérite incontestable ; à Church Point, N.E. brûlait le juvénat, dont le transfert définitif à Bathurst, souhaité par tous, ne fera que justifier davantage la résolution déjà prise par le Père Lebrun de déménager le noviciat et le scolasticat quelque part dans la province de Québec. 

Le nouveau provincial s’en était ouvert d’ailleurs au Père Général, qui lui répondait le 12 octobre suivant :

Votre projet, à peine ébauché, du noviciat et du scolasticat dans la banlieue de Québec me plaît beaucoup, ainsi qu’aux Pères du Conseil. Je serais d’avis de laisser les juvénistes dans un pays de langue anglaise, pour les forcer à apprendre la langue. (...) 
[...]

Le 24 décembre 1920, l'année se termine par une lettre circulaire du Père Lebrun. Le Père Provincial, faisant le point de la situation générale, résume fort bien cette fondation projetée de Charlesbourg.

Source: Babin, BasileLe cinquantenaire de la Maison de Charlesbourg, Information Vo. 1V, no 3, pages 9-12

1913

Le Père Lebastard, provincial des eudistes fait construire une grande maison à Bathurst

Juvénat de Bathurst

Le Père Lebastard, provincial des eudistes fait construire une grande maison à Bathurst.  Elle remplace le scolasticat qui deviendra par la suite le Juvénat de Bathurst.

Décembre 1915

Incendie du Juvénat de Bathurst

Le 31 décembre 1915, le collège Brule, et tout est à recommencer. Le conseil décida alors de transférer le noviciat et le séminaire «ailleurs, à Québec, si possible». On étudie la possibilité d’acheter l’une ou l’autre des deux propriétés situées à trois milles de Québec, l’une à Belmont, sur le chemin de Ste-Foy, l’autre à Charlesbourg.  

1921

Acquisition pour 18 000 $ de la ferme Patrick McGrath

La décision de construire à Charlesbourg un bâtiment pour 60 personnes a été prise le 23 janvier 1921. Ironie du sort, 84 ans plus tard, on achètera un lot de ce terrain de Belmont pour y transférer les dépouilles mortelles de 123 confrères déjà ensevelis au cimetière des Eudistes de Charlesbourg.

Le Père Lebrun, provincial, acquit avec son conseil, pour une somme de 18 000 $, la ferme de 25 arpents Patrick McGrath à Charlesbourg.

17 avril 1922

Début de la construction du nouveau séminaire

Le contrat de construction du séminaire est signé le 20 février 1922 et les travaux débutèrent le 17 avril.  Le père Pierre Lechantoux fut chargé de surveiller les travaux de construction de ce nouveau séminaire, bâti à l’épreuve du feu.

15 août 1923

Inauguration du Séminaire du Sacré-Cœur

le 15 août 1923, le séminaire était inauguré sous le nom de Séminaire du Sacré-Cœur.

« La maison de Charlesbourg (…) deviendra un centre où les pères de Québec, de Montréal, de Chicoutimi de la Pointe-au-Père et de la Côte-Nord pourront se réunir pour les exercices de la retraite annuelle. Le voisinage de l’Université Laval nous permettra de faire suivre des cours spéciaux à quelques-uns de nos jeunes confrères, et nous aimons espérer que cette fondation attirera chez nous quelques sujets de la province de Québec sans diminuer le nombre des recrûes qui nous viennent des provinces Maritimes, où nous sommes connus et estimés. Ajoutons que Charlesbourg, se trouvant au pied des Laurentides, nos jeunes confrères y seront à l’abri des vents du Nord et trouveront dans les environs des lieux de promenade agréables et variés. » 

15 AOÛT 1923

Inauguration du nouveau Noviciat des Pères Eudistes de Charlesbourg

En la fête de l’Assomption, jour bien choisi pour une pareille cérémonie, vient de se faire l’inauguration du nouveau Noviciat des Pères Eudistes de Charlesbourg, dédié au Sacré-Coeur de Jésus. Elle s’est faite sous la présidence de Mgr Arseneault, représentant son Éminence le Cardinal Bégin, qui, au dernier moment, s’est vu empêcher, à son grand regret, d’y être présent en personne.

Nous ont fait l’honneur d’y assister Mgr Gariépy et M. l’abbé Robert, représentants le Séminaire de Québec, M. le Curé de Charlesbourg avec son assistant et plusieurs ecclésiastiques de sa paroisse, et un bon nombre des Pères Eudistes représentant les principales maisons de la Congrégation tant dans les provinces des Maritimes que dans la province de Québec. Il y avait aussi dans la tribune de la chapelle, quelques amis de la maison, et entre autre MM. Ludger Robitaille, l’architecte, et Edmond Bélanger, l’entrepreneur, M. et Mme Lachance, dont l’un des fils est étudiant au Séminaire et M. et Mme Mc Grath, l’ancien propriétaire du terrain.

Façade sud du Séminaire Sacré-Coeur de Charlesbourg en 1923

L'architecte est Ludger Robitaille

Les Pères eudistes recourent aux services de l'architecte Ludger Robitaille (1885-1946) pour établir les plans du nouveau séminaire de Charlesbourg. Le bâtiment est construit par l'entrepreneur E. Bélanger, à partir du mois d'avril 1922 ; deux frères sont également impliqués directement dans l'exécution des travaux, sans compter le père Lechantoux qui supervise la gestion du projet pour la communauté • Le séminaire Sacré-Cœur de Charlesbourg est inauguré le 15 août 1923.

L'édifice en brique de cinq étages, avec toit plat, possède une structure en béton armé et est implanté avec sa façade principale tournée vers le sud, soit avec vue sur la ville, juste derrière la maison McGrath, du nom des précédents propriétaires. Dans la marge latérale ouest, non loin du bâtiment se trouve une seconde maison, une remise et une étable.

C'est un plan en « U » guidé par le rythme «a b a» que Robitaille élabore pour le séminaire, avec une symétrie omniprésente dans l'alignement des ouvertures, à partir desquelles l'architecte opère une convergence centrale sur chaque corps de bâtiment. Ainsi, les ailes latérales proposent des fenêtres jumelées sur toute la hauteur de la travée centrale, tandis que le corps principal du bâtiment offre en plus, au même endroit, un porche et un parapet crénelé contenant l'inscription de la date d'érection du bâtiment. Le profil de ce dernier élément est d'ailleurs repris dans la terminaison du porche, où l'architecte imbrique également les armoiries de la communauté, qui sont représentés par Jésus et Marie qui se font face à l'intérieur d'un cœur. L'horizontalité domine le bâti grâce au soubassement contrastant fait de granit bosselé, au bandeau supérieur qui souligne le dernier étage et à l'épaisse corniche qui termine l'élévation, faisant ainsi référence à la division hiérarchique propre aux ordres de la Renaissance italienne.

Source: Ville de Québec, Le Couvent des Pères eudistes, août 2006.

Le séminaire Sacré-Cœur
sur la Côte du Roy